L'extrême droite en France

Extrême droite au pouvoir: non
Au pouvoir: non
Extrême droite représentée au Parlement national: oui
Au Parlement national: oui
Extrême droite représentée au Parlement européen: oui
Au Parlement européen: oui

RN | Rassemblement national

  • Score aux dernières législatives: 32,05%
  • Score aux dernières présidentielles: 41,46%
  • Au pouvoir: non
  • Représenté au Parlement national: oui
  • Score aux dernières européennes: 31,37%
  • Représenté au Parlement européen: oui (30 sièges)
  • Groupe au Parlement européen: Les Patriotes pour l’Europe (PE)

La France fière (coalition avec Reconquête)

  • Score aux dernières européennes: 5,47%
  • Représenté au Parlement européen: oui (5 sièges)
  • Groupes au Parlement européen:
    • Conservateurs et Réformistes européens (ECR, 4 sièges)
    • L’Europe des Nations Souveraines (ENS, 1 siège)

Dernières élections législatives: juin/juillet 2024
Prochaines élections législatives: 2029

Dernières élections présidentielles: avril 2022
Prochaines élections législatives: mai 2027

Le Rassemblement national (RN) est en réalité une refonte cosmétique du Front national (FN), parti nationaliste-révolutionnaire qui regroupe plusieurs mouvements et courants d’extrême droite et dont l’objectif est de gouverner la France sur des bases nationalistes. De nombreux cadres et élus du FN ont entretenu des liens étroits avec l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale. C’est Jean-Marie Le Pen qui incarnera seul le FN durant de nombreuses années. Il parviendra même en deuxième position du premier tour (16,7%) aux élections présidentielles de 2002.

En 2011, Marine Le Pen est élue pour succéder à son père à la présidence du FN. Elle entreprend une « dédiabolisation » du FN avec l’objectif de gagner l’élection présidentielle: changement de nom (Rassemblement national), exclusion de certains anciens membres, nouveaux éléments de langage… Sur le fond, le FN se repositionne sur le socio-économique avec un discours protectionniste dans l’intérêt de la classe moyenne et des plus précarisés. Ce repositionnement lui permet de capter une partie non négligeable de l’électorat traditionnel de gauche, déçu par les partis traditionnels de gauche. Il continue à faire de la sécurité et de la lutte contre l’immigration ses principaux thèmes, mais désormais sous le prisme de la lutte contre la mondialisation et le multiculturalisme.

Le 23 avril 2017, Marine Le Pen réédite l’exploit de son père en passant le premier tour des présidentielles avec 21,3%. Elle atteindra le score de 33,9% au second tour. Si la France s’est longtemps reposée sur la digue du « front républicain » qui voit les partis traditionnels se rassembler contre le RN (ancien FN), on aperçoit de plus en plus de voix dissonantes préférant le « ni-ni », c’est-à-dire l’absence de consigne de vote au second tour de la part des partis démocratiques en faveur d’un front républicain.

Les dernières élections présidentielles de 2022 sont venues confirmer la bonne santé du Rassemblement National, et globalement de l’extrême droite française. Non seulement Marine Le Pen a vu son score progresser, mais elle a aussi réussi à être perçue comme présidentiable aux yeux de nombreux Français, ce qui n’était pas le cas en 2017. Sur le fond, son programme xénophobe et islamophobe est allé jusqu’à vouloir mettre en place une réelle préférence nationale en matière de logement ou de travail, ou encore interdire le port du voile dans l’espace public.

Par ailleurs, notons l’arrivée dans le paysage politique français du mouvement d’Eric Zemmour, Reconquête, dont le programme s’appuie sur des positions encore plus radicales que celles du RN. Si l’apparition de ce mouvement a fracturé l’extrême droite française (Zemmour a obtenu 7,07% des voix au premier tour des présidentielles), il faut noter que RN et Reconquête ont rassemblé 30% des votes au 1er tour des présidentielles, de nature à illustrer la consolidation des idées d’extrême droite dans la société française.

Un mois plus tard, suite aux élections présidentielles, les élections législatives ont vu le score du RN augmenter de 13% à 17%. Ce succès dans les urnes s’accompagne d’un autre triomphe: l’envoi de 89 députés sur les 577 que compte l’Assemblée nationale. Historique. Notons toutefois que le parti Reconquête n’a pas réussi à envoyer un seul député, confirmant l’échec de son lancement aux présidentielles.

Suite aux élections européennes du 9 juin 2024, consacrant la victoire du Rassemblement national avec 31,4% des suffrages, loin devant le camp présidentiel (14,6%), le président Emmanuel Macron annonce la dissolution du Parlement et convoque donc de nouvelles élections législatives un mois plus tard. La gauche réagit au quart de tour et s’unit sous un « Nouveau front populaire », composé de la gauche radicale, du parti socialiste et des écologistes.

Le dimanche 30 juin, ce premier tour des législatives confirment le Rassemblement national comme premier parti de France avec 29,26 % des voix, suivi par le Nouveau Front populaire (28,06 %), et la coalition présidentielle (20,04 %). Les Républicains ont réuni 6,57 % des voix. La participation s’élève à 66,7 %.

Suite à ce séisme qui voit l’extrême droite aux portes du pouvoir, les Français se mobilisent et un front républicain se met en place afin de barrer la route à l’extrême droite. À cet égard, plus de 200 candidats de gauche et du centre arrivés en troisième position se désistent et les blocs de gauche et du centre appellent globalement à tout faire pour qu’aucun élu du Rassemblement national ne l’emporte lors du second tour. Durant cette semaine d’entre deux tours, le Rassemblement national fait quelques faux pas, et son programme irréalisable et anticonstitutionnel (notamment sur la question binationale) est mis au jour. À cela s’ajoute de nombreuses révélations sur les propos racistes, antisémites et xénophobes de dizaines de candidats RN.

Le résultat des urnes fait écho à la mobilisation démocrate et citoyenne, causant une déconvenue au RN. En effet, Le bloc de gauche est le vainqueur de ces élections en remportant 195 des 577 sièges au second tour des élections législatives anticipées en France, dont 182 pour le Nouveau Front populaire (NFP) et 13 divers gauche, selon les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur. Le parti Ensemble du président Emmanuel Macron et ses alliés en prennent 168 à leur compte. Enfin, Le RN allié aux Républicains d’Eric Ciotti suivent avec 143 députés, dont 126 provenant du parti dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella, les 17 autres étant issus de l’alliance entre le parti d’extrême droite et les Républicains. Malgré cette 3e position, le RN consolide sa présence au Parlement et y décroche un nombre historique de députés, annonçant déjà les présidentielles 2027.

(Mise à jour: 8.07.2024)

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