Union européenne
Parlement européen
(Mise à jour: 5 septembre 2024)
Les partis d’extrême droite restent très divisés, malgré de nombreuses tentatives d’unification. De 2014 à 2024, les députés d’extrême droite avaient formé deux groupes politiques, ECR (Conservateurs et Réformistes européens) et ID (Identité et Démocratie).
La scène politique d’extrême-droite au Parlement européen s’est recomposée à l’été 2024. Son score élevé n’a pas empêché les divisions: ce sont maintenant trois groupes d’extrême droite qui sont présents au Parlement européen, malgré les tentatives d’unification de cette tendance qui ont été faites.
Conservateurs et Réformistes européens (ECR)
En effet, d’abord organisé autour du parti conservateur britannique et du PiS polonais, le groupe ECR a glissé vers la droite extrême après la prise du pouvoir par le PiS en Pologne (2015) et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (à partir de 2016). En effet, le départ du Parti conservateur a privé le groupe d’un membre penchant davantage vers la droite classique – malgré une évolution droitière marquée de ce parti – et le PiS s’est radicalisé après son arrivée au pouvoir et son choix de la confrontation avec les institutions européennes. Les autres principaux membres actuels sont: Fratelli d’Italia (le parti de la Première Ministre Giorgia Meloni), la NVA, les Démocrates de Suède… Le parti espagnol Vox a quitté ECR pour rejoindre le nouveau groupe Patriotes pour l’Europe.
Patriotes pour l'Europe (PE)
Le groupe Patriotes pour l’Europe (84 députés) a été créé suite aux élections de juin 2024. Il succède largement à l’ancien groupe ID, rejoint par la Fidesz du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui était non-inscrite depuis son départ du PPE (centre-droit) en 2021. Outre la Fidesz (11 députés), les principaux membres en sont le Rassemblement national français (de loin la délégation la plus nombreuse, avec 30 députés), la Lega (Italie), le PVV (Pays-Bas), le FPÖ (Autriche)…Le groupe a aussi été rejoint par le parti tchèque ANO, un parti auparavant membre de Renew et aux positions libérales et populistes. Patriotes pour l’Europe a pour slogan « Make Europe Great Again », plagiant celui de Donald Trump. Comme l’ECR, ils sont hostiles à l’immigration et veulent « protéger la souveraineté des États membres ». Contrairement à eux, ils s’opposent à la politique européenne de soutien à l’Ukraine, et se prononcent en faveur d’une coopération avec la Russie au nom de la paix. Le groupe annonce son intention de remettre en cause le Green Deal, de protéger la souveraineté et les identités nationales, de « protéger les valeurs chrétiennes et le modèle familial traditionnel »…
Europe des Nations souveraines
Enfin, un troisième groupe, l’Europe des Nations souveraines, a été créé autour d’Alternative für Deutschland (AfD). Ce groupe compte 25 députés, dont 14 de l’AfD, qui avait été exclue du groupe ID au printemps 2024 à cause des sympathies néo-nazies de certains de ses dirigeants. Le groupe est complété par des députés de partis d’extrême droite polonais (la Confédération), bulgare (Renaissance), tchèque…
D’autres députés d’extrême droite sont non-inscrits.
Avec presque un quart des députés au Parlement européen, le bloc d’extrême droite peut néanmoins avoir une capacité de blocage.
Les élections de juin 2024 ont approfondi deux phénomènes déjà apparents. En premier lieu, la montée des partis d’extrême droite au cœur de la politique européenne, avec presque un quart des députés au Parlement européen, mais aussi une représentation au Conseil via certains gouvernements nationaux dominés par l’ED (Italie, Hongrie), ou avec sa participation ou soutien (Pays-Bas, Suède…).
Ensuite, la division des partis d’extrême droite: en effet, ils sont partagés entre trois groupes politiques au Parlement européen, voire quatre si l’on compte les non-inscrits. Les motifs de division sont l’approche générale envers la construction européenne (eurosceptiques contre anti-européens) et la Russie (entre l’ECR penchant davantage vers un soutien de la position de l’UE sur l’Ukraine, et les Patriotes pour l’Europe clairement pro-russes). Ces divisions et l’opposition de principe d’une grande partie d’entre eux vont les maintenir dans l’opposition et réduire leur capacité d’influencer la politique européenne, sauf pour les partis plus intégrés dans le jeu politique tel que Fratelli d’Italia (ECR). Le bloc d’extrême droite peut néanmoins avoir une capacité de blocage.
Commission européenne
(Mise à jour: 30 septembre 2024)
Pendant des décennies, l’extrême droite n’a pas été représentée à la Commission européenne. Comme elle est désignée d’un commun accord entre les gouvernements des États membres et le Parlement, il avait longtemps été possible de maintenir un cordon sanitaire efficace.
Cela a commencé à changer à mesure que l’extrême droite est arrivée au pouvoir dans certains États membres. En effet, les candidats aux postes de commissaire sont proposés par chaque gouvernement.
Dans la Commission 2019-2024, présidée par Ursula von der Leyen, deux commissaires étaient concernés. Le Polonais Janusz Wojciechowski, membre de Droit et Justice (PiS), proposé par le gouvernement polonais alors en fonction, a été nommé à l’Agriculture. Le Hongrois Olivér Várhelyi, un proche du Premier ministre Viktor Orban, était chargé de la politique d’élargissement. Cependant, comme la Commission fonctionnait de manière collégiale et que ces deux commissaires étaient subordonnés à des vice-présidents issus de partis démocratiques, leur influence était restée minimale.
Le 17 septembre 2024, la composition de la future commission 2024-2029 est présentée par Ursula von der Leyen. Le paysage politique a changé depuis 2019: l’extrême droite a perdu les élections en Pologne mais les a gagnées en Italie. Raffaele Fitto, candidat proposé par la Première ministre Giorgia Meloni, est nommé Vice-Président exécutif responsable de la politique de cohésion et des réformes. Ce membre du parti néofasciste Fratelli d’Italia deviendrait donc un membre influent de la nouvelle commission, un des six vice-présidents. Cette perspective a été jugée inacceptables par les groupes de gauche au Parlement européen, ainsi que par les libéraux du groupe Renew. Tous les commissaires doivent être auditionnés par les députés européens, et l’opposition à cette candidature pourrait faire échouer la nomination de Raffaele Fitto.
Pour sa part, Olivér Várhelyi reste commissaire, cette fois chargé de la Santé et du bien-être animal, un poste peu influent.